L’importance des transmissions en structure petite enfance

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Les transmissions en structure petite enfance sont des moments cruciaux pour que la relation avec le tout-petit et sa famille se déroule au mieux. Ces interactions quotidiennes entre parents et professionnelles de la petite enfance cherchent à rendre compte du récit de la vie de l’enfant, à la crèche, chez l’assistante maternelle mais aussi à son propre domicile.

Mais à quoi servent véritablement les transmissions ? Quels outils permettent d’établir de bonnes bases avec les familles pour leur donner une place de partenaires ? Comment garantir une continuité de soins pour l’enfant ?

Johanna Zerdoun, professionnelle de la petite enfance depuis plus de 15 ans et fondatrice de Gad Conseil, nous livre ses conseils pour faire des transmissions des moments privilégiés.

l’INTÉRÊT DES TRANSMISSIONS DANS LA PETITE ENFANCE

De manière générale, les transmissions servent à retranscrire la journée de l’enfant, à la fois sur le plan physiologique (nombre de selles, nombre de siestes et leur durée, déroulé et contenu des repas), émotionnel et sur un plan plus global (quels jeux, quelles activités, quelles découvertes, etc.).

Elles permettent :

  • d’assurer une continuité entre la maison et le lieu d’accueil,

  • d’établir une relation de confiance avec les parents,

  • de garantir le suivi de l’enfant en cas de problème médical ou autre,

  • de valoriser son quotidien en tant que professionnelle et avoir une meilleure reconnaissance de son métier,

  • de protéger légalement les professionnelles – l’écrit prouve l’action (tout ce qui n’est pas écrit est considéré comme non-fait).

Les clés de la réussite au quotidien

Les transmissions ne se font pas de la même manière que l’on travaille en collectivité (crèches, micro-crèches, etc.) ou à domicile (garde d’enfants, assistante maternelle). Le point commun à toutes les structures est qu’il faut adapter son message au parent que l’on a en face de nous. Pour cela, il est important de faire le point avec les parents en amont pour comprendre leurs attentes : préfèrent-ils savoir en détail ce qu’il s’est passé dans la journée en termes d’activités ? Ou sont-ils plus attachés au contenu des repas par exemple ? Ont-ils beaucoup de temps le soir ? Ou doivent-ils se dépêcher pour récupérer d’autres enfants ? Préfèrent-ils un rapport écrit ou un message texto ?

Une fois que ces attentes sont clairement établies, il sera plus facile pour la professionnelle de décrire la journée de l’enfant. Cet échange sera également plus valorisant car le parent sera attentif à ce qu’elle dit et ne la vexera pas par une écoute distraite ou impatiente.

Les spécificités de la crèche

Assurer de bonnes transmissions en crèche, c’est d’abord faire en sorte de maîtriser les transmissions entre professionnelles – autrement dit faire en sorte d’instaurer une communication fluide et de confiance entre tous les collègues de la structure d’accueil.

Il est important de parler ensemble des enfants et de ces moments de transmissions, de se mettre d’accord sur ce que l’on veut dire, de comment on le dit et de prendre du recul ensemble. Une réunion à ce sujet peut être, ponctuellement, la bienvenue.

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Les spécificités du travail à domicile

Lorsque l’on travaille seule, il est important de ne pas se sentir isolée. Il est possible de discuter de ses pratiques, ou d’éventuels problèmes auprès de collègues (dans les MAM ou les RPE) ou auprès de son gestionnaire (pour les gardes d’enfants). Le cas échéant, on peut même demander un rendez-vous avec le gestionnaire pour s’assurer de faire les choses en bonne et due forme et se couvrir en termes de responsabilité civile.

LES OUTILS À UTILISER

De nombreux outils pour les transmissions peuvent être utilisés par les pros au quotidien.

  • Le cahier de transmission

L’outil le plus facile d’utilisation et le plus fiable ! Il reste dans le lieu d’accueil, n’impose aucune rédaction et permet à tous les intervenants d’une structure de restituer à la famille le détail de la journée de l’enfant. Peu importe les fautes d’orthographe et le manque de présentation car les parents ne le lisent pas ! Il doit être conservé durant 5 ans.

  • Le livret de liaison

Surtout utilisé chez les gardes à domicile, le cahier de liaison permet aux parents de laisser des commentaires sur les moments passés à la maison avec l’enfant. Il permet aux professionnelles de comprendre pourquoi un enfant est fatigué dans la journée ou qu’il se sent mal, etc. Il impose une rédaction de la journée un peu plus structurée et une mise en page soignée.

  • Des applications

Beaucoup de structures d’accueil ont recours à des applications qui permettent aux parents de tout voir de la journée de l’enfant. Parfois chronophage, le travail de remplissage de la journée sur l’application ne remplace pas pour autant quelques paroles le soir.

  • L’espace d’accueil

Pour les parents pressés ou qui ne sont pas vraiment intéressés par de longs développements autour de la journée de l’enfant, l’espace d’accueil (même à domicile) peut tenir lieu d’espace de transmission. Y mettre les menus, des photos ou les œuvres des enfants permet à chacun de prendre connaissance des projets pédagogiques et de l’organisation hebdomadaire du lieu d’accueil.

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Comment gérer les transmissions compliquées ?

Lorsqu’il s’est passé quelque chose de problématique dans la journée (l’enfant s’est fait mordre, est tombé, un de ses objets personnels a été perdu, etc.) ou que le même problème se répète (un parent toujours en retard par exemple), la professionnelle sait que la transmission du soir va s’avérer compliquée. Comment faire pour que malgré tout, les choses se passent le mieux possible ?

  • Anticiper. Appeler le parent dans la journée ou lui envoyer un message pour le prévenir de ce qui s’est passé ou de ce qui ne va pas : cela peut aider à désamorcer le problème en évitant d’avoir à affronter une émotion vive le soir.

  • En collectivité, il est recommandé de discuter avec ses collègues de la transmission à venir pour ne pas s’enfermer dans son stress. Échanger avec d’autres permet de prendre de la distance et de présenter les choses de manière plus posée lorsque le parent arrive. Si nécessaire, demander à se faire accompagner par une collègue au moment de la transmission ou demander à une collègue de prendre le relai peut aider.

  • À domicile, pour la garde d’enfants, le gestionnaire peut aider. Il est important de ne jamais s’enfermer dans une sensation de malaise. Demander de l’aide et informer sa hiérarchie est une bonne idée et permet de se dédouaner de toute responsabilité dans les cas les plus graves.

  • À domicile, les assistantes maternelles doivent aussi pouvoir sentir qu’elles ne sont pas seules et qu’elles ont des ressources autour d’elles. Si elles ne dépendent ni d’un RPE ou d’une MAM, elles peuvent appeler une collègue ou encore la PMI.

En un mot, le fait de parler, de prendre de la distance et de partager ce genre d’informations avec sa hiérarchie permet de désamorcer une potentielle situation de tension.

La transmission se transforme en conflit

Lorsque le conflit n’a pas pu être évité, que le ton monte ou devient plus agressif, il est important de ne pas s’énerver. Bien que parfois difficile à tenir, cette posture permet de garder son statut de professionnelle et d’interpeler, plus tard, le parent sur son comportement.

Tout en restant calme, il est conseillé de :

  • interrompre immédiatement l’échange en demandant au parent de sortir pour ne pas effrayer les autres enfants,

  • en collectivité, demander à une collègue de s’occuper des enfants et se mettre à l’écart avec le parent énervé,

  • protéger les enfants présents,

  • informer sa hiérarchie, le gestionnaire, le RPE ou la MAM

  • en concertation, prendre des mesures d’éviction si la situation est trop compliquée à gérer.

Quelques points à retenir

Petite fiche récapitulative pour des transmissions au top dès le 1er jour :

  1. Questionner les parents sur leurs attentes par rapport à ce moment

  2. S’adapter à chaque parent

  3. Assurer une bonne communication en interne dans les collectivités

  4. Utiliser de bons outils, qui nous semblent faciles à manier

  5. Se faire entourer

  6. Dès que cela est possible, se poser pour analyser ses pratiques avec d’autres professionnelles.

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