Bientraitance : avoir conscience de ses bienfaits pour l’encourager

On vous parlait de la bien-traitance décryptée par Arnaud Deroo dans notre précédent article.

La bientraitance est présente dans toutes les formations petite enfance. Voilà de nombreuses années qu’on connaît son importance pour le développement de l’enfant, pour les professionnels qui les accompagnent et pour les parents. Pourtant, les pratiques résistent parfois – souvent par méconnaissance, explique Delphine Belouard, professionnelle de la petite enfance depuis 14 ans et directrice de deux micro-crèches chez Les Bébés explorateurs. Retour avec elle sur les bienfaits de la bientraitance.

 

Rappeler l’origine des violences subies par l’enfant

Depuis le début de sa carrière, Delphine constate que certaines professionnelles ne sont pas conscientes des « douces violences » qu’elles imposent aux enfants, que ce soit par leurs gestes, par leurs postures ou par leurs mots. « On ne comprend l’importance de la bientraitance que lorsque l’on sait ce que c’est ». Pour cela, estime-t-elle, rappeler les gestes et postures violents pour les tout-petits a toujours beaucoup d’impact.

Pour aller plus loin sur les gestes et postures à adopter avec le jeune enfant, découvrez notre formation prendre soin de l’enfant : inscrivez-vous !

Les violences physiques

Sans parler des tapes qui sont très largement bannies des lieux d’accueil, certains gestes apparemment anodins sont ressentis comme des violences par les tout-petits. Des exemples ? Les tirer par le bras, les prendre brutalement pour les emmener quelque part, les arracher à leur activité sans les avoir prévenus auparavant. Il est important de toujours agir avec douceur et d’expliquer à l’enfant ce que l’on va faire.

Les violences psychologiques

Monnaie courante dans bien des endroits, il est important de les décrypter pour les éviter. Punir ou rabaisser l’enfant en lui disant qu’il « ne comprend rien » par exemple, se moquer de lui, le menacer d’une privation, parler de ses parents en sa présence, émettre des jugements ou encore lui coller une étiquette (quelle qu’elle soit) constituent des violences à l’égard du jeune enfant.

Les violences verbales relèvent aussi de cela, qu’il s’agisse de couper la parole à l’enfant ou de lui crier dessus.

Les violences en creux ou négligences

Le fait de laisser un enfant avec une couche sale, ou le fait de le laisser pleurer ou se faire taper sans agir constituent des violences indiscutables. Il est toujours important de prendre en considération l’enfant avec les besoins qui lui sont propres pour respecter ces derniers.

Les bienfaits de la bientraitance

La bientraitance est une vertu à développer non seulement avec les enfants, mais également entre professionnelles et à l’égard des parents. Cela améliore grandement la vie de la structure d’accueil, et ce, pour plusieurs raisons, explique Delphine Belouard.

La confiance

Le fait de montrer aux parents et aux enfants qu’ils peuvent avoir confiance en nous découle directement de la posture bientraitante que l’on adopte, ajoute-t-elle. Rassurés et en confiance, les parents acceptent plus facilement de laisser leur tout-petit et transmettent à leur enfant ce sentiment apaisé – une manière d’assurer la continuité entre la maison et le lieu d’accueil : une garantie que l’enfant s’épanouira au mieux.

Découvrez notre formation accompagner les parents dans notre catalogue de formations : n’attendez plus, inscrivez-vous !

Le cercle vertueux

Être bientraitant envers adultes et enfants et utiliser les ressources que l’on a (psychologues, vidéos à envoyer aux parents, communication interne) pour imposer en douceur des relations bientraitantes à tous les niveaux permet d’instaurer un cercle vertueux. Plus les gens que l’on a en face de soi sont bientraitants, plus l’on est enclins à être bientraitant avec eux.

Le bien-être de l’enfant

Un enfant évoluant dans la bientraitance aura toutes les clés pour un développement sain de son plein potentiel. Il aura acquis la confiance en lui nécessaire pour explorer le monde qui l’entoure.

Quelle attitude adopter pour être bientraitant sans effort ?

Or, cultiver la bientraitance ne requiert pas d’efforts insurmontables. Voici quelques attitudes qui contribuent à l’entretenir.

Se considérer comme un modèle pour les jeunes enfants

Première chose peut-être à avoir en tête et que rappelle la vidéo Children see, children do, chaque adulte qui évolue aux côtés d’un enfant constitue pour lui un modèle fondateur dans sa construction. D’où son impact sur son futur. Se considérer comme un modèle, c’est être dans le positif et ne jamais oublier que notre posture de professionnelle influe sur celle de l’enfant… et de ses parents.

Se mettre à la hauteur des tout-petits

Un point capital également pour que l’enfant se sente écouté et respecté : se mettre à sa hauteur. On ne doit pas attendre du tout-petit qu’il s’adapte à l’adulte – c’est à l’adulte de s’adapter à l’enfant et de se mettre à son niveau pour communiquer avec lui. Se mettre à sa place permet aussi de comprendre ce qu’il ressent et d’agir avec lui comme on aimerait que les autres agissent avec nous.

Entrer dans un rôle d’observatrice

Pour ce faire, une posture doit primer : celle de l’observation. Accompagner un enfant, accompagner ses parents, c’est savoir les observer pour anticiper leurs besoins. En ce qui concerne l’enfant, c’est prendre note de ses progrès et de ses besoins qui évoluent, c’est lui proposer des activités qui correspondent à ses centres d’intérêt. En ce qui concerne les adultes, c’est comprendre la perspective des parents, c’est entendre le point de vue d’une collègue et c’est, à partir de là, anticiper des besoins.

Anticiper les besoins

Qu’il s’agisse des parents, de collègues éventuels ou des enfants, prendre l’autre en considération et anticiper ses besoins permet à tous de se sentir respecté.

  • Anticiper les besoins de l’enfant, c’est lui permettre d’exprimer ses émotions, c’est savoir lorsqu’il est fatigué, qu’il a faim ou qu’il a besoin d’être changé.

  • Anticiper les besoins des parents, c’est passer du temps avec eux lors des premiers échanges pour leur expliquer le fonctionnement de la crèche, c’est mettre à leur disposition des professionnelles qui peuvent les aider à cheminer dans la parentalité (psychologue par exemple), et écouter ce qu’ils ont à dire afin de rassurer leurs petites angoisses.

  • Anticiper les besoins des pros, c’est faire en sorte que la journée se déroule au mieux pour elles, c’est comprendre les perspectives de chacune et voir comment elles souhaitent s’exprimer en tant que professionnelles.

Pour tous, c’est être dans l’absence de jugement pour pouvoir accueillir l’autre tel qu’il est avec empathie.

Aménager le lieu d’accueil

L’aménagement de la structure s’avère souvent capital pour permettre aux professionnelles de procéder à une observation de qualité et à l’enfant de voir à tout moment les professionnelles qui l’accompagnent. Cela permet une sécurisation de son espace propice à un meilleur développement.

Ces conseils en poche, le reste devrait suivre et la bientraitance s’imposer progressivement, estime Delphine Belouard.

Découvrez notre article bientraitance : “écouter et verbaliser, c’est vraiment la clé” pour en connaître davantage sur la thématique.

Pour aller plus loin, notre formation bientraitance vous donne toutes les clés pour identifier de manière exhaustive les formes de douces violences, et surtout toutes les bonnes pratiques à adopter pour les éviter : inscrivez-vous !