Créer un cadre propice à la communication pour développer le langage

Par Dongxue Dupeux*, Directrice de deux structures d’accueil Les Bébés explorateurs (Levallois et Paris XVI)

Créer un cadre de communication-plaisir

Si certains insistent sur la nécessité de stimuler le tout-petit dans son acquisition du langage, Dongxue préconise une autre approche – celle d’associer chez l’enfant communication et plaisir. Elle s’appuie volontiers sur les principes de la pédagogie positive : l’écoute des besoins de l’enfant et un respect mutuel entre l’adulte et l’enfant. Pour mettre cette approche en place, plusieurs éléments s’avèrent incontournables. Pour découvrir toutes les clés de la communication bienveillante avec l’enfant, vous pouvez suivre notre formation communication bienveillante !

Une équipe en cohésion 

S’assurer d’abord que la cohésion d’équipe n’est pas un leurre et que toutes les professionnelles sont en phase par rapport à cette approche plaisir. Si ce n’est pas le cas, il est important d’harmoniser les pratiques pour que chacune puisse voir l’intérêt d’une telle approche et la promeuve sans arrière-pensées.

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Changer de regard sur son quotidien

Cette harmonisation des pratiques passe d’abord par un changement de regard sur notre travail auprès des enfants. Comment ? En se détachant de la nécessité du « faire » (faire faire aux enfants une activité, faire le change, faire le repas, faire faire la sieste, etc.), pour se concentrer sur l’ « être » - l’essence de notre travail relationnel (être en relation avec les enfants, avec les familles, avec ses collègues). Aller au-delà de la routine quotidienne et des instructions données à l’enfant permet d’avoir plus de temps pour échanger avec l’enfant. Créer des routines rassure l’enfant, les associer à du vocabulaire est bénéfique pour lui mais il serait très limitant de s’arrêter à cela. L’enfant sera d’autant plus curieux et heureux de découvrir de nouveaux mots qu’ils s’inscrivent dans des échanges spontanés avec l’adulte. Les mots appris dans la joie deviennent plus facilement des outils pour décrire son environnement et ses impressions personnelles. 

Prendre du plaisir

Voilà donc la dernière clé de ce cadre de transmission du langage. Pour transmettre la magie des mots, il est important d’y croire soi-même et de prendre plaisir à communiquer et à rire avec les enfants, rappelle Donxue Dupeux. Plus l’enfant s’amuse, plus il est en confiance et mieux il mémorise. Ce plaisir d’échanger peut exister même lorsque l’on ne comprend pas tout ce dit le jeune enfant. Savoir valoriser les efforts de l’enfant et lui accorder de l’attention sont deux attitudes qui lui donnent confiance en lui et en ses capacités à communiquer. Il s’agit là d’un terreau favorable pour faire croître le langage.  

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Aider l’enfant à comprendre pour l’aider à parler

Dongxue considère par ailleurs qu’accompagner l’enfant dans sa compréhension du monde revient à l’accompagner dans l’acquisition de la parole. Plusieurs outils sont à la disposition des professionnels qui souhaiteraient suivre cette approche.

La communication positive

Dongxue souligne l’importance d’utiliser la communication positive dès le plus jeune âge. En plus de mettre des mots sur ce que vit l’enfant, il est important que nous nous mettions à son niveau en se souvenant que son cerveau est encore en cours de développement. Parler à la forme négative au tout-petit ne lui permet pas de saisir l’énoncé. Le fameux « Ne cours pas » donne envie à l’enfant de courir car son cerveau n’est pas encore assez mature pour intégrer la négation autour du verbe. La solution est donc, dans ce cas, de lui demander de « marcher plus lentement » En nous obligeant à utiliser des phrases affirmatives, on facilite la communication avec l’enfant et on le met en position de mieux comprendre ce qu’on lui dit. Or, plus on comprend, plus on est à même de s’exprimer. 

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Le geste associé à la parole

Le fait de signer participe également de cette approche. En associant systématiquement un geste à une parole, on donne à l’enfant des clés de compréhension du monde et du vocabulaire nouveau. Le fait de parvenir à maîtriser la langue des signes donne confiance au tout-petit dans ses capacités à communiquer et lui permet d’en voir l’intérêt. Il sera donc ouvert à la communication verbale lorsqu’il en aura la capacité physique.

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Participer au développement du langage sans efforts particuliers

Et pour encourager la verbalisation et le passage de la compréhension à l’expression verbale, Dongxue préconise de parler normalement à l’enfant – de ce que l’on fait, de ce que l’on voit, de ce que l’on pense. S’intéresser à ce que fait l’enfant à la maison, à ce qu’il aime, etc. valorise l’enfant et l’encourage à essayer de communiquer à son tour.

Autre petit truc : au lieu de poser des questions fermées au tout-petit (auxquelles il doit répondre par oui ou par non), lui donner le choix : « Tu préfères le bleu ou le rouge ? » « Tu préfères la moto ou la poupée ? ». Cela a deux avantages : inciter l’enfant à parler davantage et lui proposer un éventail de vocabulaire plus large.

Enfin, assurer de bonnes transmissions avec les parents et montrer à l’enfant qu’il y a une harmonie entre les adultes qui s’occupent de lui le met en confiance – une des clés essentielles pour l’enfant lorsqu’il se lance dans la grande aventure de l’acquisition du langage.

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*Dongxue Dupeux travaille dans la petite enfance depuis 2012. D’abord auxiliaire de puéricultrice, elle est devenue éducatrice de jeunes enfants, mais a toujours exercé au sein de crèches de taille différente. Elle est aujourd’hui directrice de deux crèches chez Les Bébés explorateurs, l’une à Levallois et l’autre à Paris. Elle revient ici sur les piliers importants pour donner envie à l’enfant de communiquer et l’accompagner dans le développement du langage.