La tempête émotionnelle • Définition et explications

Avant 5 ou 6 ans, les enfants peuvent être en proie à des tempêtes émotionnelles. Déstabilisantes pour les pros de la petite enfance, ces tempêtes émotionnelles correspondent à un stade de son développement et s’estompent à mesure que l’enfant grandit. Décryptage.

Définition

Une tempête émotionnelle correspond à un débordement d’émotions chez le tout-petit. Incapable de gérer la ou les émotion(s) qui le submerge(nt), l’enfant exprime son désarroi par le biais de cris, de pleurs et ou de gestes plus ou moins incontrôlés.

Comment explique-t-on ces tempêtes émotionnelles ?

Le cerveau émotionnel du tout-petit opère dès le plus jeune âge. En revanche, la partie du cerveau qui régule les émotions (le cortex préfrontal) reste immature jusqu’aux 5 ou 6 ans de l’enfant. Cette dichotomie explique l’apparition de tempêtes émotionnelles.

L’enfant reçoit ses émotions de manière extrêmement intense mais n’a pas d’outils à sa disposition pour les canaliser, ou les apaiser. Quand il est en colère, quand il est triste, angoissé, a peur, il ne parvient pas à se consoler seul.

Pourquoi est-il important d’accompagner l’enfant face à ces tempêtes émotionnelles ?

Lorsque le tout-petit est en situation d’insécurité émotionnelle, par exemple quand il est submergé par un flot d’émotions qu’il ne parvient pas à gérer), son amygdale cérébrale, mature dès la naissance, sécrète du cortisol, la molécule du stress.

Or, le stress, sécrété en haute dose, peut provoquer la destruction de neurones dans certaines parties du cerveau, telles que le cortex préfrontal ou l’hippocampe (qui gèrent au bon fonctionnement de la mémoire, des apprentissages et à la régulation des émotions), le corps calleux ou le cervelet (qui jouent un rôle important dans la coordination des mouvements, les capacités d’attention et l’acquisition du langage).
En d’autres termes, un enfant qui n’est pas consolé peut en ressentir les conséquences sur son développement moteur, émotionnel et cognitif.

Comment accompagner un enfant face à une tempête émotionnelle ?

Reconnaître son émotion

Reconnaître l’émotion de l’enfant et mettre des mots dessus aide souvent le tout-petit à comprendre ce qui se passe dans son cerveau et dans son corps. Cela lui permet, progressivement, de reconnaître ses émotions, de les nommer puis de les apprivoiser.

Notez que minimiser l’émotion de l’enfant n’a pas d’effet calmant chez le tout-petit : cela contribue à une insécurité affective, néfaste au développement de l’empathie.

Rester calme

Cela ne suffit souvent pas. Le cas échéant, il est important de garder son calme face à un enfant en proie à des émotions fortes. Cela n’est pas toujours chose aisée : en tant que pro, on est parfois un peu fatiguée ou un peu stressée soi-même.

Si l’on sent que l’on ne parviendra pas à affronter ce débordement chez l’enfant, on peut chercher à passer le relais à l’une de ses collègues, si l’on travaille en lieu d’accueil collectif. En lieu d’accueil individuel, on peut expliquer calmement à l’enfant que l’on va respirer un peu avant de revenir.

L’enfant étant une éponge émotionnelle, il est important qu’il vous sente calme pour parvenir à se calmer lui-même.

Lui proposer des solutions

Certains enfants, débordés par leurs émotions, ne sont pas en mesure d’accepter d’être consolés : leur colère, leur tristesse ou leurs besoins peut s’intensifier lorsque l’on essaie de les calmer. Dans ce cas, on peut leur expliquer qu’on est à leur disposition s’ils ont besoin de venir se calmer. On reste proche d’eux pour qu’ils sentent que l’accompagnement est possible.

S’ils ne sont pas prêts à être consolés, on peut essayer de détourner leur attention en proposant de faire quelque chose qu’ils apprécient (lire un livre qu’ils aiment bien, leur activité préférée) ou de jouer avec un effet de surprise. Cela permet à leur cerveau de passer d’un système d’alerte (émotion forte) à un système d’exploration (jeu, observation, etc.) et de mettre fin au débordement émotionnel.

Lorsque les enfants sont un peu plus grands, on peut aussi leur proposer de chasser leurs émotions par le biais de différentes techniques, qu’il s’agisse de crier, de la mettre dans une petite boîte et de la jeter, de jeter un coussin qui représente l’émotion envahissante, etc.

Le consoler

Lorsque l’enfant est ouvert à un accompagnement extérieur, on peut lui proposer un câlin. En général, le fait de le contenir physiquement l’aide à calmer ses émotions et lui ré-injecte un peu d’endorphine (l’hormone du plaisir), bien utile pour chasser le débordement d’émotions envahissantes, et pour développer sa confiance en lui.

Installer les émotions dans le quotidien

Sur le long terme, il est conseillé d’évoquer les émotions au quotidien, que ce soit par le biais de lectures, de cartes représentant les émotions, de petits personnages associés à des émotions, etc. Cela permet au tout-petit de mieux reconnaître les émotions et de les exprimer lorsqu’elles le submergent. Mettre des mots sur l’émotion, c’est un premier pas pour l’apprivoiser.

On peut aussi reparler avec l’enfant, lorsqu’il est dans l’écoute, d’un moment où il a été débordé par ses émotions. On peut ainsi valider ses émotions, tout en lui proposant des réactions différentes.

Anticiper la venue des émotions

Que l’on soit enfant ou adulte, le surgissement des émotions vient d’un besoin fondamental non comblé. L’observation suffit parfois à anticiper la survenue d’une tempête émotionnelle et de l’éviter.


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