Les bénéfices d’exposer les jeunes enfants aux langues étrangères

La pratique des langues dans la petite enfance est une approche éducative et pédagogique qui répond à des besoins et à des préoccupations actuelles. Derrière ce qui peut être perçu comme une volonté de surinvestissement des compétences enfantines se cachent de vrais enjeux.

Les études montrent que l’exposition précoce aux langues, même minime, est bénéfique pour le développement du jeune enfant – et ce, à plusieurs niveaux :

•   Cela augmente ses facultés d’apprendre.

•   Les bébés qui grandissent en écoutant plusieurs langues développent des facultés d’adaptation et d’apprentissage plus importantes par la suite.

•   L’ouverture aux langues favoriserait la mémoire et la concentration.

•   L’exposition précoce constitue une première ouverture sur le monde et sa diversité.


Les activités d’éveil multilingues font donc beaucoup de bien aux enfants dès leur plus jeune âge. Comment les mettre en place en milieu d’accueil ?

Etape 1 : déconstruire les idées reçues

La mise en place d’un projet « langue » ne s’improvise pas. Avant cela, il faut contrer certaines idées reçues. Nombre d’études récentes, ainsi que les neurosciences, ont remis en question des croyances autrefois ancrées même chez les experts éducatifs.

•   Cliché 1 : l’exposition à plusieurs langues entraînerait des retards de langage
FAUX – Les enfants plurilingues bénéficient au contraire d’un vocabulaire plus riche.

•   Cliché 2 : Sans « accent parfait », il est préférable pour le professionnel de ne pas parler
FAUX – La maîtrise d’une langue n’est évidemment pas liée à la prononciation de celle-ci.

•   Cliché 3 : Avant d’apprendre une nouvelle langue, il faut maîtriser la première
FAUX – L’apprentissage d’une langue ne cesse jamais tant que l’exposition aux langues est continue.

•   Cliché 4 : L’enfant va mélanger les langues et cela va poser problème 
FAUX – L’enfant utilise des mots issus des deux langues et va apprendre à les différencier.

Etape 2 : Dans les faits, comment installer la pratique des langues ?

D’abord, ne pas oublier que l’éveil aux langues est un projet d’inclusion. Dans le cadre de l’accueil, l’exposition aux langues doit relever d’un projet et d’une discussion avec les parents, en équipe et éventuellement avec des intervenants extérieurs pour des moments orientés sur le jeu et les chants. Au-delà de pratique des langues, qui a un effet positif sur l’accueil, cette valorisation des langues doit se tourner vers l’inclusion et la valorisation de la diversité culturelle des familles accueillies et des professionnelles.

La structure d’accueil doit aller vers les enfants et leur famille et mettre l’inclusion à l’honneur. C’est la base du cadre professionnel de l’accueil qui a pour mission d’accompagner à la parentalité et de consolider les liens parents/enfants.

Pour fournir un accueil bienveillant, pourquoi ne pas établir avec la famille un lexique ou des pictogrammes ? Vous créez ainsi un pont entre votre langue et la leur afin de réussir l’adaptation de l’enfant, en toute bienveillance. Cela enrichit à la fois votre pratique professionnelle et les échanges avec les parents – qui se sentiront acceptés dans leur altérité.

Pour travailler main dans la main avec les parents des enfants que vous accueillez, suivez notre formation accompagner les parents ! N’attendez plus et inscrivez-vous !

Etape 3 : Adapter sa pratique au contexte de son milieu d’accueil

Pratiquer une langue que l’on maîtrise avec les enfants accueillis

  1. Incluez les parents dans votre démarche

Nous y revenons, il est important de construire tout projet langue dans une relation enfant-parents-professionnel. Mettez en place des rituels durant lesquels vous pratiquez votre langue avec les enfants. Expliquez aux parents qu’il est normal que leur enfant utilise parfois des mots de votre langue maternelle et que cela ne veut pas dire qu’il confond les langues. Pour les rassurer, vous pouvez mettre en place un lexique avec les mots de référence autour du vocabulaire des besoins enfantins (repas, changes, jeux). Cela contribue à créer du lien avec eux et à valoriser votre pratique professionnelle lors des échanges autour des progrès de leur enfant.

2. Valorisez votre langue maternelle

Les langues sont étroitement liées aux émotions : une chanson ou une comptine sera beaucoup plus engageante si elle porte une charge sentimentale (liée à des souvenirs d’enfance par exemple). Il en est de même avec les mots utilisés pour rassurer un bébé. Si vous êtes plus à l’aise pour calmer un enfant grâce à une berceuse dans votre langue maternelle, n’hésitez pas ! Les enfants apprécient les rituels : bien qu’ils ne comprennent pas une comptine, ils vous la redemandent car elle est associée à un moment agréable.

Il y a plusieurs langues dans votre milieu d’accueil : laquelle choisir ?

Nombre de professionnelles de la petite enfance maîtrisent plusieurs langues, pour certaines peu valorisées ou recherchées. Ce manque d’appétence pour certaines langues doit absolument être balayé à la naissance de votre projet. Chaque langue représente une richesse, une diversité, et des compétences à valoriser pour faire naître le goût des langues chez les enfants.

L’anglais est une langue très prisée des parents. Certes, mais il est prouvé que l’exposition à une langue étrangère favorise l’apprentissage des langues étrangères en général, montre à l’enfant l'intérêt de parler plusieurs langues et le sensibilise à la diversité culturelle de notre société. Donc surtout, pas de tri ou de classement des langues… En encadrant pédagogiquement la pratique des langues, chaque professionnelle peut utiliser sa propre langue lors d’activités avec les jeunes enfants et être ainsi valorisée.

Transmettre une langue que l’on maîtrise mal

Si vous n’avez que quelques connaissances d’une langue, vous pouvez délimiter des temps d’exposition au langage choisi autour de sujets que vous maîtrisez. Privilégiez le plaisir que vous avez à pratiquer et à voir l’enfant à interagir avec vous. Décomplexez enfin : vous êtes une professionnelle de la petite enfance, pas un professeur de langue !

Transmettre une langue que l’on ne maîtrise pas

Si vous ne parlez aucune langue étrangère, faites appel à des professionnels (comme Speakid). Ils proposent des ateliers au cours desquels l’immersion se fait en groupe autour de jeux, de chants, d’éveil sensoriel & motriciel. En y participant, vous êtes active car vous aussi découvrez les langues ! Montrez votre plaisir à participer… La découverte en groupe se fera d’autant mieux si les enfants perçoivent votre intérêt.

En guise de conclusion

Toute crainte concernant d’hypothétiques retards d’apprentissages ou de mise en concurrence avec la langue maternelle des enfants accueillis balayées, soyez convaincue que l’apprentissage des langues offre à l’enfant des expériences culturelles et linguistiques exceptionnelles et suscite chez lui un intérêt et une curiosité pour les autres langues. Utilisez cette richesse et ce magnifique terrain culturel qu’est votre structure d’accueil pour amener les enfants vers la beauté et la diversité des langues et des cultures qui composent notre monde… ce sont les citoyens de demain !

Pour aller plus loin concernant les bénéfices du plurilinguisme, découvrez notre article immersion dans une structure d’accueil bilingue.

Article écrit par Aude Lanier, fondatrice de Speakid