Une représentation mixte des jouets pour enfants
Ce jeudi 24 septembre 2020, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances, Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé, des associations et des acteurs du marché des jouets pour enfants, ont signé une charte d’engagement pour une représentation mixte des jouets.
POURQUOI CETTE CHARTE ?
Aujourd’hui, dans les rayons des magasins et catalogues de jouets d’enfants, il y a deux catégories. Une pour les jouets des petites filles, l’autre pour les jouets des petits garçons. D’un côté, les filles peuvent généralement choisir entre des poupées, de la dînette et d’autres activités “calmes”. De l’autre, les garçons se voient présenter des voitures, des outils de bricolage et des déguisements de super-héros. Même s’il est possible d’acheter des voitures aux petits filles et des poupées aux petits garçons, c’est très consciemment découragé.
Dès le plus jeune âge, on met les jeunes enfants dans des “boîtes”. Bien entendu, une fille n’est pas un garçon, et inversement, mais en quoi le genre doit-il déterminer le jeu de l’enfant si ce n’est en vue d’une reproduction des rôles traditionnels du genre et des stéréotypes qui vont avec ? Pourquoi faudrait-il encourager nos enfants si jeunes à nécessairement jouer avec des jeux différents ? La question elle-même semble absurde. Et en tant qu’adulte, nous avons un rôle actif à ne pas choisir des jouets qui correspondent aux représentations stéréotypées des adultes. Oui, une petite fille peut aimer faire du bricolage et un petit garçon jouer à la dînette. Laissons-les choisir les jeux qu’ils veulent ! Mais les rayons de jouets actuels rendent ce choix “libre” difficile. On est poussé à choisir “un jeu de fille” dans l’espace rose aux formes arrondies et non pas dans l’allée des jeux bleus aux formes angulaires…
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Or, avec des jouets différents, on sociabilise les jeunes enfants différemment, c’est-à-dire qu’ils apprennent à développer des qualités différentes selon leur genre. Une petite fille sera invitée à développer ses côtés sensibles et maternants, tandis qu’un petit garçon développera davantage sa capacité à être courageux et à être dans l’action. Ces apprentissages entretiennent les stéréotypes liés au genre, même à l’âge adulte. Ces derniers impactent les croyances des jeunes enfants sur leur capacité à exercer un certain métier par exemple, ou à devoir se comporter d’une certaine manière. En effet, les hommes auront davantage tendance à s’orienter vers des métiers scientifiques, que les femmes. Cette orientation de carrière a été créée dès leur plus jeune âge, car ils y ont été sensibilisés grâce aux jouets scientifiques disponibles dans les rayons pour “jouets garçons”. Pareillement pour les femmes, qui sont davantage présentes dans des métiers maternant, comme dans le secteur de la petite enfance ou en milieu hospitalier (infirmière, sage-femme, etc.).
En plus de déterminer leur chemin professionnel, avoir une représentation différente des jouets entretient des croyances stéréotypées sur l’homme et la femme. Dans la société, on représente une femme comme devant être calme, maternante et sensible. Au contraire, des hommes, que l’on représente comme étant courageux, réfléchi et dans l’action. Pourtant, ce sont des rôles qui n’ont pas de genre, une femme peut autant être courageuse qu’un homme, et un homme peut autant être sensible qu’une femme.
Ces dernières décennies, plusieurs études ont été publiées en ce sens et ont montré l’importance de représenter de manière mixte les jouets pour enfants. Différentes associations ont porté cette volonté de lutter contre les discriminations et stéréotypes de genre, notamment grâce à une représentation mixte des jouets. Ce sont d’ailleurs, les motivations d’Adrien Taquet à la signature de cette charte.
“C'est dès cette période que l'on doit lutter contre les stéréotypes attribuant aux filles et aux garçons des rôles différents, et combattre les biais inconscients qui se répercutent sur la mixité professionnelle plus tard. La signature de cette Charte va dans le sens de la promotion d'une éducation positive, laissant à chaque enfant libre cours à sa créativité et à son intuition, favorables à son bon développement.” Adrien Taquet
LES ENGAGEMENTS DE LA CHARTE
Concrètement, cette charte engage tous les acteurs du secteur des jouets pour enfants. Voici les principaux engagements écrits dans cette charte :
Développement de jouets qui ne véhiculent pas de stéréotypes discriminants ;
Suppression des catégories “jouets filles” et “jouets garçons” dans les catalogues et dans les rayons ;
Présentation des jouets par catégories ou bénéfices apportés par le jouet (développement physique, créativité, etc.) dans les catalogues et dans les rayons ;
Promotion auprès des différents acteurs du secteur pour faire des communications n’ayant pas des stéréotypes de genre ;
Proposition de formations dans les magasins afin de sensibiliser les vendeurs et vendeuses à faire attention à leur discours.
Si de nombreux acteurs du monde du jouets ces dernières années avaient déjà pris ces engagements pro-activement (et on les félicite !), la généralisation de la représentation mixte des jouets via cette charte est une très bonne nouvelle. C’est essentiel pour la lutte contre les stéréotypes de genre dès la petite enfance et afin de permettre à chacun de développer ses qualités, d’éveiller sa curiosité sur de nombreux sujets et de gagner confiance en lui.
Pour en savoir plus sur la charte, nous vous invitons à parcourir la charte pour une représentation mixte des jouets.
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