Accompagnement vers l'autonomie lors des repas : Décryptage par étape et selon les âges

Devenir autonome est une tendance innée chez l'être humain. Les bienfaits de l'accompagnement vers l'autonomie des jeunes enfants lors des repas étant démontrés, reste maintenant à savoir comment procéder pour en tirer les plus grands bienfaits. Reka Richard, directrice d’une crèche Les Bébés explorateurs à Paris, revient sur l’âge à partir duquel le début de l’autonomie est possible et en quoi elle consiste selon les âges.

À quel âge commencer l’autonomie ?

Pour commencer l'accompagnement vers l'autonomie, il faut que la diversification soit bien adoptée et que le rythme des repas soit ancré dans la routine de l’enfant.

Lorsque l’enfant mange encore dans les bras des professionnelles, il est difficile de débuter cet accompagnement. C’est pour cela que Reka préconise d’attendre que l’enfant sache s’asseoir, vers 10 mois.

À cela s’ajoute un impératif : répondre aux besoins de l’enfant. Certains sont très demandeurs et peuvent commencer très tôt. D’autres sont moins intéressés – il est important de respecter cela.

Quelles sont les différentes étapes de cet accompagnement vers l'autonomie ?

Vers 10 mois :

Pour les enfants qui ne marchent pas encore mais qui sont en double cuillère (eux en utilisent une et la professionnelle aussi) : l’accompagnement peut consister à lui laisser de plus en plus d’autonomie avec la cuillère et donner à l’enfant le choix de l’ordre des aliments. On pose l’assiette entière en face de lui et il choisit ce qu’il souhaite manger en premier par exemple.

Un peu plus tard, on peut mettre le bavoir et la cuillère à côté de la table, ainsi qu’un gant pour s’essuyer les mains. Très rapidement, l’enfant intègre qu’il peut aller chercher le bavoir, la cuillère et le gant et cela devient une étape incontournable pour commencer le repas. Il s’assoit ensuite à table.

Ensuite, vers 16 mois, lorsque l’enfant sait marcher et qu’il en exprime l’envie, il a la possibilité d’aller se servir au self (de son laitage et sa compote au début). Le self, c’est une petite table sur laquelle on propose au tout-petit plusieurs aliments, pour l’entrée, le plat, le laitage et le dessert.

Il a à sa disposition un plateau à compartiments et doit respecter certaines règles :

-         Une compote, un fromage et une ration à chaque repas

-         Un respect des rations (notamment des protéines)

-         Un respect des demandes particulières (allergies, religions, etc.)

-         Les légumes sont à disposition et les enfants ont le droit de se resservir.

Il est d’abord accompagné par un adulte qui l’aide à se servir.

Vers 18 mois, l’enfant qui en exprime le besoin va chercher son assiette avant de déjeuner puis se sert seul.

Enfin, pour les plus grands (entre 20 et 36 mois), il est possible de les inviter à débarrasser la table et à jeter les restes. En général, ils sont contents de participer à cette étape, transition vers un temps plus calme.

Comment mettre en place cet accompagnement vers l'autonomie ?

Reka insiste sur le fait qu’il est impossible de proposer cet accompagnement à l'autonomie sans avoir bien observer les enfants en amont. Il faut connaître leurs habitudes (sont-ils du genre à se précipiter sur les repas ou à préférer jouer lorsque tout le monde est à table ?), leur rythme (mangent-ils rapidement, sont-ils patients ?), etc.

Elle rejette l’idée reçue et très partagée dans les lieux d’accueil selon laquelle il faut faire déjeuner les enfants en fonction de l’heure de leur petit-déjeuner. Selon elle, le plus important est de répondre aux besoins de l’enfant.

Une fois que ces besoins sont bien cernés, on crée un tour de rôle qui englobe tous les enfants de la crèche, depuis ceux qui viennent d’adopter un rythme en diversification alimentaire jusqu’aux plus grands.

Ce tour de rôle ne change jamais (exception faite des arrivées et départs dans le lieu d’accueil) : il permet aux enfants d’avoir un repère fixe et une sécurité affective et évite toutes les frustrations liées à la perte de repères lorsque l’on conditionne l’heure du déjeuner sur l’heure du petit-déjeuner.

Pour rendre les choses bien claires, l’ordre de passage du tour de rôle est affiché sur le mur, avec les photos des enfants. Ce repère visuel rassure les enfants, qui sont sereins car ils savent parfaitement comment se déroule le repas. Bien sûr, cet ordre peut être ajusté si l’on se rend compte qu’il n’est pas adapté aux besoins d’un ou de plusieurs enfants. Lorsqu’un enfant est absent, on supprime sa photo du tour de rôle affiché pour que les autres comprennent bien que l’ordre va changer.

Durant tout le repas, la professionnelle est assise sur un tabouret à roulettes pour pouvoir se déplacer entre les enfants si besoin, elle est présente pour aider les tout-petits, en soutien et afin que l’enfant ne se sente jamais en difficulté.

Comment ça marche ?

  • Pour les plus grands :

On appelle un enfant, il se sert seul au self puis va s’asseoir à table. En fonction du tour de rôle, le second enfant procède aux mêmes opérations puis s’assoit avec son camarade et ainsi de suite.

  • Pour les plus petits :

Un temps est consacré à la préparation des repas. Les plus petits mangent en face d’un adulte. Une pro prépare leur assiette avec eux, leur prend le yaourt, le fruit, etc. Quand ils veulent aller se servir, l’adulte les accompagne et les laisse faire.

Éléments pour aider l’accompagnement vers l’autonomie

Faire confiance aux enfants sur les temps des repas, c’est aussi mettre à leur portée des ustensiles et de la vaisselle adaptés à leurs besoins.

  • Des verres propres à chacun (pas de bec verseur) = on demande aux parents d’apporter un verre de la maison (en verre ou plastique en fonction des habitudes). Chaque enfant a ainsi son propre verre et y fait attention.

  • Une fourchette qui pique = lorsqu’elle ne pique pas, la fourchette perd en utilité. Les enfants doivent pouvoir se servir d’ustensiles fonctionnels.

  • Des plats plats avec de grands rebords = les plats proposés aux enfants doivent être plats pour faciliter l’étape « je me sers seul(e) » et doivent être à hauteur d’enfants, dans une matière prévue éviter toute brûlure.

Ces éléments en tête, les enfants devraient apprécier ces temps de repas, s’entraider, prendre plaisir à manger et devenir curieux de ce qui se passe dans leur assiette, car échangeant à ce sujet avec les pros qui les entourent. Quoi de mieux pour développer une relation saine et apaisée aux repas et à l’alimentation ?

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