Accompagner les tout-petits vers l'autonomie au moment des repas

Lorsqu’on évoque les thématiques nutrition et alimentation dans la petite enfance, on reste très souvent autour de l’assiette des jeunes enfants. Or, souligne Reka Richard, directrice d’une micro-crèche Les Bébés explorateurs à Paris, la manière dont les enfants envisagent leur repas est primordiale pour qu’ils prennent plaisir à manger. Pour que ce plaisir ne se démente pas, elle a pris la décision de mettre en place un accompagnement à l'autonomie pour les tout-petits lors des repas. En quoi cela consiste-t-il ? Quels en sont les bénéfices ? Voyons cela en détail.

ACCOMPAGNER VERS L’AUTONOMIE, ÇA VEUT DIRE QUOI ?

Accompagner les jeunes enfants vers l’autonomie revient à les valoriser en leur confiant des responsabilités qu’ils n’auraient peut-être pas habituellement.

À l’heure des repas, cela consiste par exemple à leur proposer de mettre la table, de prendre leur plateau, de se servir, de manger et de débarrasser tous seuls lorsque cela est possible.

Pour autant, les enfants sont loin d’être livrés à eux-mêmes. La professionnelle les suit du regard et est disponible si besoin, à distance. Elle s’occupe des tout-petits lorsqu’ils demandent de l’aide sans anticiper des demandes qui n’adviendraient jamais. Pour ce faire, la pro s’assoit au milieu des enfants pour être à hauteur et observer convenablement ce qui se passe.

Notez que type d’accompagnement ne peut être mis en place qu’après une phase d’observation qualitative qui met en avant les besoins et les goûts de chacun.

Peut-on mettre en place cet ACOMPAGNEMENT À tous les Âges ?

Reka estime qu’on peut commencer dès que le tout-petit sait s’asseoir, vers les 10 mois de l’enfant. Bien sûr, cela est progressif et dépend des besoins de chacun.

D’où l’importance d’avancer progressivement. Dès que le tout-petit en manifeste l’envie, il faut le suivre et l’aider : il montre d’abord avec le doigt ce qu’il a envie de manger. On peut lui accorder alors la liberté de manger ses aliments dans l’ordre qu’il souhaite. Avec le temps, il réalise de plus en plus d’actions en autonomie (plat à table, le petit se sert avec une cuillère, puis il se sert au self, puis il va chercher son assiette, etc.).

Encore une fois, le rôle de la professionnelle est d’être présente (et d’aider si besoin) tout en gardant ses distances – on aide les jeunes enfants à faire seuls plutôt que de faire pour eux. Objectif : stimuler les capacités de développement des enfants.

Pourquoi valoriser l’autonomie chez les tout-petits ?

Bénéfices pour les tout-petits

D’abord, le plaisir de faire seul rend les repas beaucoup plus intéressants pour les jeunes enfants. Le fait de pouvoir se servir seul et de gagner en autonomie permet aux tout-petits de développer leur confiance en eux, leur motricité et leur motricité fine. Cela les responsabilise aussi.
Par ailleurs, cette nouvelle indépendance les rend plus curieux : en général, ils mangent mieux et sont plus ouverts à goûter de nouveaux aliments. Cela limite les blocages dus à certains aliments.

Enfin, ils se servent en fonction de leur faim – cela permet un repas plus adapté à leurs besoins et générant moins de gaspillage.

Bénéfices pour le lieu d’accueil

Les repas sont plus calmes. Cela apaise les journées et permet d’instaurer des routines sans stress. Les professionnelles sont moins sollicitées et ont donc plus de temps pour observer les tout-petits et pour échanger avec eux sur ce qu’ils mangent (textures, saveurs, ressentis). Cela valorise le temps du repas, et enrichit les interactions adultes-enfants et les relations pros-parents : plus de partage avec les enfants permet de restituer davantage de moments aux parents.

Y a-t-il des freins à la mise en place de cet ACCOMPAGNEMENT ?

En général, les pros éprouvent toujours une petite résistance au début. Elles craignent que cette nouvelle pratique ne leur fasse perdre du temps et désorganise la structure.

Une fois qu’elles ont pu observer comment cela se passait concrètement, elles adoptent généralement cette manière de faire. Les résultats les rassurent rapidement et elles ne reviennent pas en arrière car les temps des repas deviennent beaucoup plus paisibles.

Managers, comment introduire ce projet dans son lieu d’accueil ?

Pour que les petites résistances initiales s’envolent totalement, Reka propose quelques techniques à l’usage des managers. Des techniques qui ont fait leurs preuves chez Les Bébés explorateurs, enseigne pour laquelle Reka est devenue spécialiste du sujet et forme ses pairs.

  1. Ne rien imposer à l’équipe : l’adhésion au projet est nécessaire pour le faire fonctionner. Tous les pros doivent être sur la même longueur d’onde par rapport au projet et observer la même attitude face aux enfants.

  2. Si des réticences apparaissent ou des critiques se font entendre sur le mode « ça marche très bien aujourd’hui, pourquoi changer ? », on peut proposer aux pros d’observer comment cette technique fonctionne en lieu d’accueil (soit en se rendant dans une structure qui la pratique, soit en mettant à leur disposition une vidéo telle que celle-ci).

  3. Une fois la technique acceptée par les équipes, laisser ces dernières s’organiser à leur manière et évoluer au fil du temps, dans une éventuelle concertation.

  4. Garder en tête de ne jamais mettre l’enfant en échec. Il faut toujours être présente pour répondre aux besoins de l’enfant et faire en sorte que ce moment d’autonomie reste un plaisir (par exemple, manger des carottes râpées avec une cuillère est un peu difficile)…

À vous de jouer !

Envie d’en apprendre plus sur l’alimentation des tout-petits ?