La motricité libre en petite enfance : c'est quoi ?

 

Mais pourquoi les tout-petits dont vous vous occupez en tant que professionnelle de la petite enfance remontent-ils toujours le toboggan à l’envers ? Et pourquoi ne peuvent-ils pas rester assis pendant que vous leur lisez une histoire ? Cela s’explique parce que le processus d’apprentissage du jeune enfant est bien différent de celui de l’adulte, et il repose en partie sur ce qu’on appelle la motricité, c’est-à-dire le fait d’être en mouvement. 

Le mouvement a un impact direct sur les capacités cognitives du jeune enfant : les expériences motrices activent des zones neuronales et augmentent ses capacités d’apprentissage. La motricité libre, c’est-à-dire permettre à l’enfant de se déplacer comme il le souhaite dans son environnement, apporte une réponse à ce besoin de l’enfant. Mais comment favoriser la motricité libre, en crèche comme chez les assistantes maternelles ?

MOTRICITÉ LIBRE en petite enfance et APPRENTISSAGE DE L’ENFANT

Pour apprendre, le jeune enfant a besoin d’être en mouvement. Grâce à ses expérimentations motrices, l’enfant va acquérir de nouvelles connexions neuronales, qui sont la base de son apprentissage. Cela veut dire que lorsque le jeune enfant est en mouvement, les connexions entre les neurones, qu’on appelle des connexions synaptiques, se multiplient ou se renforcent. Or, plus le cerveau est doté de connexions synaptiques, plus les capacités d’apprentissage de l’enfant sont élargies ! La motricité est donc la base de la construction cognitive, et ainsi de l’apprentissage.

C’est donc par son corps que l’enfant va découvrir et interagir avec son environnement, et ses déplacements sont nécessaires à ces apprentissages. Motricité et vision sont également étroitement liées : le jeune enfant va voir un objet qui lui plaît, il éprouve un besoin de l’attraper ou de lui monter dessus, et va se déplacer pour répondre à son besoin. Tout en répondant à ce besoin moteur, une réorganisation cérébrale se produit dans son cerveau.

Le cerveau se modifie donc en fonction des expériences vécues : on appelle cela la plasticité cérébrale. Si les expériences motrices modifient le cerveau de l’enfant, c’est cependant le cas aussi pour toutes les expériences vécues : les expériences affectives, par exemple, ont aussi une influence sur le développement du cerveau de l’enfant ! Selon les expériences, certaines connexions neuronales vont se renforcer, tandis que d’autres vont progressivement s’affaiblir pour finalement être éliminées. Autour de cinq ans a en effet lieu l’élagage synaptique, qui correspond à un tri effectué par le cerveau entre les différentes connexions. Pour faire ce tri, le cerveau ne va pas forcément retenir les expériences les plus heureuses ou intéressantes : il va retenir les expériences les plus fréquentes.

Pour comprendre plus en détail le fonctionnement cérébral de l’enfant et les pratiques à mettre en place pour favoriser la bonne maturation du cerveau, vous pouvez suivre notre formation cerveau ! 

Un enfant qui va grandir dans un environnement riche et stimulant va donc pouvoir développer et conserver un réseau synaptique plus complexe, et ainsi posséder de meilleures capacités d’apprentissage, que l’enfant dont l'environnement offrira moins de possibilités. Un environnement riche pour le jeune enfant passe par les stimulations qui lui sont proposées (les jouets, les ateliers, etc.) mais également par les possibilités motrices qui s’offrent à lui : c’est tout l’enjeu de la motricité libre !

FAVORISER LA MOTRICITÉ LIBRE EN TANT QUE PRO

Repenser ses pratiques en tant que professionnelle de la petite enfance pour favoriser la motricité libre, quand on connaît les impacts du mouvement sur la construction du cerveau, est essentiel !

Permettre à l’enfant d’exercer sa motricité tout au long de la journée, quand il en ressent le besoin, et pas seulement lorsque l’adulte le décide ou met en place une activité motrice, est nécessaire pour que l’enfant se développe dans de bonnes conditions. Tous les espaces sont des espaces moteurs pour l’enfant, il ne peut faire aucune différence entre un temps de motricité et un autre temps, sa motricité ne s’arrête pas !

Favoriser la motricité libre passe notamment par le fait de permettre aux enfants de courir quand ils le souhaitent, et notamment pour les plus petits car ils maintiennent leur équilibre par la vitesse. Permettre à l’enfant de se mettre debout lorsqu’il est assis trop longtemps permet aussi de répondre au besoin moteur de l’enfant. Les enfants ne sont pas proportionnés comme les adultes : objectivement, ils ont une grosse tête ! Leur tête est donc trop lourde pour leur tonus musculaire. Quand l’enfant se lève (pendant le repas, pendant une activité lecture, etc.) c’est parce cela génère des tensions dans sa nuque et le haut de son dos. Il faut donc le laisser faire !

Enfin, garantir le besoin de mouvement de l’enfant passe également par le fait de le laisser explorer les objets moteur sans contraintes de sens ou d’utilisation, comme pour jeu libre dans lequel l’enfant explore sans consignes les jouets mis à sa disposition complète. Il s’agit de laisser l’enfant détourner le sens des objets tel que prévu à la base par l’adulte : par exemple, en le laissant remonter le toboggan à l’envers. En effet, l’enfant n’apprend pas la fonction de l’objet mais ce que son corps peut faire par rapport à l’objet, c’est ce que l’on appelle l’affordance : avec un toboggan, il ne se pose donc pas la question du sens, car pour lui il n’y en a pas.

En montant et descendant les pentes et les marches d’une structure motrice, l’enfant exerce tout son savoir-faire et mobilise tout son être. Il apprend à gérer ses mouvements, à comprendre les différentes informations que son corps lui envoie durant ses déplacements. Encourager l’enfant dans ces découvertes liées à la motricité libre est ainsi un pan essentiel en tant que pro de la petite enfance : vous forgez les cerveaux de demain, en les rendant plus alertes et complexes !

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