Les régimes végétariens et végétaliens sont-ils adaptés aux tout-petits ?

De plus en plus de parents font suivre à leurs enfants des régimes alimentaires particuliers. Ces régimes comportent-ils des risques ? Permettent-ils de satisfaire les besoins nutritionnels du jeune enfant ? Quelques éléments de réponses dans cet article qui s’appuie sur les recommandations officielles.

Les régimes végétariens et végétaliens : les grandes lignes

  • Le régime végétarien exclut la consommation de chair animale (viande et poisson).

  • Le régime végétalien exclut la consommation de tous produits d'origine animale (viande, poisson, œuf, laitage). Ce régime est donc uniquement constitué de fruits, de légumes, de céréales, de légumineuses et de protéines végétales type tofu et seitan (gluten de blé).

Quelles sont les motivations de l’adoption de ces régimes ?

Ces choix sont relatifs à certaines convictions personnelles : 

  • Liées à la souffrance animale lors de l'élevage, l'abattage ou l'exploitation animale.

  • Liées aux impacts environnementaux (exploitation de ressources énergétiques et destruction de la biodiversité).

  • Liées à la santé, suite à des études révélant les effets néfastes de régimes hyperprotéinés. De nombreuses études scientifiques mettent en avant les effets protecteurs de régimes pauvres en protéines animales sur certaines pathologies (hypertensions artérielles, constipation, réduction de l’incidence de cancers).

Chez les enfants

Le régime végétarien

Selon la littérature scientifique, le régime végétarien est approprié à tous les âges de la vie, incluant les périodes de grossesse et d’allaitement, ainsi que le stade du nourrisson et de l’enfance. En effet, les apports des produits laitiers et ovoproduits (produits transformés à base d’œuf) permettent de couvrir les besoins en protéines, vitamines du groupe B et minéraux.

Seulement, il faut respecter certaines conditions. Si l’alimentation est déséquilibrée, l’enfant risque de présenter des carences nutritionnelles ayant un retentissement sur sa courbe staturo-pondérale ainsi que des retards de développement. Avant d’engager un enfant sur un tel régime, il faut donc être renseigné sur les carences potentielles et les aliments à privilégier pour les combler.

Le régime végétalien

Le régime végétalien est interdit chez les enfants. Les risques encourus sont graves et peuvent aller jusqu’à la mise en danger de la vie des jeunes enfants, voire causer un décès. Les carences engendrées sont conséquentes et nécessitent la prise systématique de compléments alimentaires. Ce genre de régime n’a pas lieu d’être pour un enfant en pleine croissance.

Retrouvez notre article sur les recommandations alimentaires chez le jeune enfant.

Docteur, les carences à surveiller

Les carences à surveiller

La vitamine B12

Essentielle au renouvellement cellulaire et à la fabrication de globules rouges, la vitamine B12 se trouve majoritairement dans des produits d’origine animale : viandes, poissons, œufs, produits laitiers.

Malgré la présence de vitamine B12 dans les algues vertes et rouges et des aliments enrichis en vitamine B12, type céréales ou boissons végétales, un supplément en vitamine B12 doit être systématique chez toute personne végétalienne.

La vitamine D

Intervient dans les fonctions immunitaires, l’activité musculaire et l’absorption du calcium dans le corps. Les poissons gras (saumon, hareng, sardine), le foie de morue et les produits enrichis (produits laitiers, boissons végétales) constituent les principales sources de vitamine D.

Une supplémentation en vitamine D est systématique, comme pour l’enfant qui est supplémenté 3 fois par an avec une ampoule.

Le zinc

Oligo-élément à rôle multiple, intervenant dans de nombreuses réactions enzymatiques et dans le métabolisme du corps. On le retrouve dans les fruits de mers, les viandes, les fromages ainsi que dans les légumes secs et les aliments céréaliers non raffinés.

Les légumineuses, noix, graines, arachides, flocons d’avoine, le pain complet, le soja et le tofu peuvent venir combler les carences.

Bon à savoir : les aliments riches en protéines sont souvent source de zinc.

Les oméga-3

Indispensable au bon fonctionnement de l’organisme, les oméga-3 agissent sur de nombreux organes tels que le cerveau, les membranes cellulaires, la vision, la peau et les cheveux. Les poissons gras sont la source principale d’EPA et de DHA (oméga-3 marin) et on retrouve l’ALA (oméga-3 végétal) dans certaines graines et feuilles de végétaux.

Pour pallier une carence en oméga-3 : les huiles (noix, colza, lin, soja), le soja, le tofu, les graines (de citrouille, de lin, de chia, de cameline), les noix, les germes de blé.

Bon à savoir : de manière générale dans la population, la consommation d’oméga-3 est bien loin des apports conseillés tandis que le rapport oméga-6/oméga-3 est trop élevé.

Le calcium

Intervient dans de nombreuses fonctions primordiales pour le fonctionnement du corps (contraction musculaire, conduction nerveuse, libération d’hormone, minéralisation des tissus, croissance osseuse). Il est majoritairement retrouvé dans les produits laitiers et les sardines en boîtes.

Pour pallier la carence en calcium : les boisson végétales enrichies, le brocoli, le chou vert, le soja, les haricots blancs, les amandes, les figues, le quinoa, le sarrasin, les fruits secs et les oléagineux, les épinards. Attention, les quantités à consommer pour couvrir les besoins sont énormes et la biodisponibilité est mauvaise hors source animale.

Bon à savoir : sans vitamine D, il n’y a pas de fixation du calcium.

Le fer

Constituant de l’hémoglobine contenue dans les globules rouges, il approvisionne les organes en oxygène. Sont riches en fer les poissons, les fruits secs, la viande, les volailles et le gibier, certaines algues.

Pour pallier une carence en fer : les algues (spiruline, dulse et wakamé), les fruits secs, le cacao, les lentilles, les haricots blancs, les graines de chia.

Bon à savoir : le fer provenant des sources végétales (appelé fer non-héminique) est moins bien absorbé que le fer provenant de sources animales (appelé fer héminique). Afin de favoriser son absorption, il est recommandé d’ajouter une source de vitamine C au repas, comme les tomates, les brocolis, les fraises ou les oranges.

L'essentiel à retenir, alimentation végétarienne

L’essentiel à retenir

  • Le régime végétarien convient aux enfants à condition que l’alimentation reste équilibrée et variée.

  • Le régime végétalien est dangereux pour les enfants.

  • Les carences à surveiller particulièrement sont la vitamine B12, l’iode et la vitamine D, qui doivent être absolument supplémenter.

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